PALÉO 2016 - Première soirée de Paléo sous le signe du très gros et très bon son electro-rock avec Muse, Grand Blanc ou Aaron! Les nord-irlandais des Rappaneers ont transformé le Dôme en salle de balle folk.
La première soirée de Paléo a tenu toutes ses promesses. De la liesse, une furieuse envie de chanter, danser, hurler sa joie… Muse est sur scène, le public s’embrase, c’est bien de ça que l’on parle ? Pas du tout, le public s’embrasse et se meut au Dôme. La foule bigarrée se marre, communie et nous rappelle que l’Irlande du groupe d’Ulster les Rapparees nous a offert une amibiance fantastique à l'Euro tant sous la bannière républicaine que sous la bannière nord-irlandaise.
Les cinq musiciens de Belfast font trembler le dôme du Village du Monde. Ils réveillent, avec leur recette magique ultra-rythmée par le Bodhràn (tambour irlandais) du champion du genre Eamon Rooney venue du pub du coin de la rue, les quelques festivaliers qui n’ont pas su gérer le mélange alcool et soleil. Un joyeux chaudron celtique dans lequel on replongera bien volontiers à la louche dès 19 heures 15 avec les Red Hot Chili Pipers dès 19 heures 15.
Déluge de lumière
Muse débarque sur scène peu après 23 heures, les light-shows stroboscopiques et stratosphériques ont été réglés à temps pour la Grand-Messe du groupe anglais. Le « Drones Festivals Tour » porte bien son nom. Matt Belamy et ses deux collègues se fondent parfaitement dans ce décor bucolique et néanmoins gigantesque de Paléo. Le trio a ses aises à l’Asse et plonge le public heureux dans un « Psycho » tonitruant suivi d’une rafale de tubes épiques qui ont déjà bien marqué leur temps. Muse est de ces formations qui sont nées sous une étoile brillante avec une acuité pour les mélodies et la transmission des émotions. Pourtant, trop de lumières distrait le spectateur et on ne se gênera pas de faire remarquer aux auteurs de «Undisclosed desires» que, de loin, le déluge visuel perturbe quelque peu et provoque cette distance avec le public pas connaisseur (qui ne demande qu’à être happé dans ce train à grande vitesse du rock «anthémique»).
La fusion de Muse avec son public aura eu lieu avec d’autres morceaux de gloire comme «Hysteria» et «Super massive Black hole». Le tubes incontestés et incontestables pour le groupe auront été «Time is running out» et le gigantesque «Uprising» repris jusqu'à la brisure des cordes. Paléo invitera sans doute le trio à nouveau, tant le groupe semble répondre parfaitement à trois générations de spectateurs mélomanes... si le prix de la prestation ne prend pas l’ascenseur une fois de plus.
Pour le reste de cette première journée, mention spéciale à la figure tutélaire de Einstürzende Neubauten Blixa Bargeld accompagné du multi-instrumentiste génial KiKu et de Black Cracker, un artiste polymorphe tout aussi renversant que son comparse. Tel un poète en pleine lévitation Blixa enchaîne les textes parlés en allemand et s’offre une pause pour rendre hommage à la pop spatiale de Korgis avec une revisitation de «Everybody's got to learn sometimes».
Délicieux pour les oreilles et les yeux, même si le maestro berlinois avouait qu’il était déçu de sa prestation au sortir du Détour "car le son n’était pas assez bon". La tournée continue sous d’autres cieux pour le trio. Grand Blanc avait eu l’honneur de débuter sous cette grande tente. Le quatuor lorrain et parisien a puisé dans son EP «Grand Blanc» et son album «Mémoire Vive» pour délivrer un cocktail electro-coldwave percutant souvent, planant parfois et très entraînant pour un public nombreux et semble-t-il conquis. Ils reviendront au Romandie à Lausanne à la rentrée. Pour Grand Blanc, le concert à Paléo fut une sinécure "comme à chaque fois qu'on vient en Suisse" avouait Camille. Benoît, le chanteur a rendu hommage à Alan Vega, décédé récemment, et rendu hommage à toute cette culture electro-rock dont le leader de Suicide était le porte-drapeau. Nul doute que l’âme de Vega aura porté le groupe jusqu’à l’issue de leur prestation intense et magique.
Courtney Barnett programmée trop tôt?
Deux autres concerts ont mis le public par terre, celui de Aaron aux Arches, un groupe français rendu célèbre pour une ballade au milieu des années 2000. Le son des Français est une parfaite combinaison de pop et d’electro. Il évoque un peu Radiohead ou des groupes illustres de la new-wave des années 80 mais Aaron est un groupe plein de richesse, très à l’aise sur scène. Même topo pour la guitariste et chanteuse Courtney Barnett qui a su dompter un public de rockers pas encore réveillé (programmée trop tôt) pour son style très direct, appelant une participation du public. On aimerait la revoir de nuit. Quant aux Lumineers, leur folk FM très propre n’a peut-être pas été du goût de tous mais force est de constater que les musiciens du Colorado et du New Jersey ont remporté la palme de l’échange avec un public très demandeur. Le chanteur Wesley Shultz après avoir chauffé l’Asse avec son hit « Ho Hey », s’est offert un bain de foules tel Moïse devant la mer rouge. Une forêt de smartphones des deux côtés de son corps faisant écran néanmoins entre les visages des spectateurs et celui de la star : la consommation de la musique live n’a jamais été aussi téléphonée.
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